La corporation des tapissiers existe depuis plus de 500 ans (Renaissance, Louis XIII).

A l’origine, on se méprend souvent sur la fonction présente du tapissier décorateur, et il y a bien des personnes pour qui le tapissier est toujours celui qui pose du papier peint ou de la “tapisserie”, erreur due sans doute au fait que dans la décoration de nos intérieurs on fait un usage de papier peint.

Elle groupait plusieurs branches différentes en un corps de marchands tapissiers : fabricants de tapisseries, de draps, de coutils, d’étoffes diverses et des tapissiers courtepointiers (marchands de toutes sortes de meubles, de garnitures, lits, sièges, etc.…..)

Ce n ‘est qu’aux artisans de nos ateliers de tapisserie (Gobelin, Aubusson) que le nom d’artiste tapissier est encore donné, comme il l’était dès le 19eme siècle.

Des siècles d'évolution

Le tapissier décorateur est l’ouvrier chargé de l’installation de la décoration de nos habitations : pose d’étoffes, des tentures, des moquettes, la garniture et couverture des sièges, etc…Les tapissiers ont formé dans le passé d’importantes corporations.

L’origine de ces corporations est fort ancienne : les premiers règlements qui les concernent ont été établis par Etienne Boileau, prévôt des marchands de 1295.

Les tapissiers d’alors étaient, selon leur spécialisation, appelés tapissier de haute lisse, sarrasinois, et rentrayeurs contrepointiers, neustrez, courtiers. Nous avons déjà dit un mot des deux première de ces catégories.
Les tapissiers contrepointiers, qui vendaient toutes sortes de meubles de tapisserie, sont ceux qui ce rapprochent le plus du tapissier d’aujourd’hui, car outre leur fabrication de coutils, de toiles teintes ou écrues, ils s’occupaient des équipages de guerres, des meubles de garnitures, des lits, des sièges.

Les tapissiers-neustrez fabriquaient des couvertures de laine, de coton et de soies. Les tapissiers-coustiers fabriquaient spécialement des coutils.

Chaque corporation locale de tapissiers avait sa bannière . A Paris, elle représentait la figure de Saint Louis, en or sur un champ d’azur; à Bordeaux, l’écu était était divisé en trois parties horizontales par deux larges crêtes d’or; à Tour, l’écu était décoré d’un marteau de tapissier à tète d’argent et à manche d’or; à Lyon, la bannière était comme celle de Paris, ornée de la ligne de Saint Louis.

La corporation n’était ouverte qu’aux ouvriers de la religion catholique, elle formait une confrérie sous le vocable de Saint François et, en 1780, elle reçu une relique de Saint François d’assise; ce n’est qu’en 1872 que le titre de Saint François fut abandonné et que de nouveaux statuts permirent d’admettre dans la corporation tous les tapissiers, sans distinction de religion.

Appelés tour à tour tapissiers d’appartements ou garnisseurs de meubles, afin de bien les distinguer d’avec les faiseurs de tapis et de tapisseries, ils faisaient au 18ème siècle, de la maison des grands seigneurs et des princes; avait le droit de porter l’épée et prenaient le titre de valets de chambre tapissier. Le 25 avril 1777, un édit royal supprima les anciennes communautés d’art et métiers et le remplaça par des corporations plus larges englobant plusieurs corps de métiers. La quatorzième de ces corporations était composée des menuisiers, des ébénistes, des tourneurs, des tonneliers, et de tous les ouvriers du bois; la dix-huitième réunissait les tapissiers, les marchands de meubles et les miroitiers .

On sait que les corporations disparurent définitivement en 1789 .

Toutes ces corporations sont devenues indépendantes et très éloignées de la profession de tapissier de notre époque.

Avec la fin du siècle dernier, s’est achevée une période qui fut l’âge d’or du tapissier.

L'évolution du métier

L’emploi de matériaux nouveaux et l’exigence économique actuelle tendent à la spécialisation, la profession n’y échappe pas (literie, pose de tapis, tentures murales, etc…).

Seul l’ouvrier qualifié peut s’adapter facilement à ces travaux, mais il doit être aussi capable de se dégager de ses servitudes par des connaissances techniques, théoriques et artistiques.

En pratique les mains n’exécutent que ce que conçoit le cerveau. Tout travail est précédé de raisonnement qui est le bagage élémentaire de l’ouvrier qualifié. Le résultat s’obtient par des principes acquis, mais aussi bien souvent par une adaptation de ces principes à des cas particuliers. Il existe des trucs. C’est ce qui oblige le tapissier à posséder les qualités de débrouillardise, d’habilité, et de dextérité.

La tapisserie d’ameublement comprend plusieurs parties :

  • le tapissier garnisseur, pour la garniture des sièges et des lits
  • le tapissier villier, fait la pose des rideaux, tenture mural, tapis, etc…Cet ouvrier travaille chez les clients.
  • le tapissier litier, s’occupe de tout ce qui concerne la literie, la fabrication des sommiers et des matelas.
  • le tapissier décorateur, qui est a même de composer et de mener à bien tous les travaux de tapisserie. Des  connaissances artistiques lui permettent de résoudre tous les problèmes de décoration.

Depuis le XIIIème siècle, le tapissier décorateur occupe une place de choix dans la conception, la réalisation de tout ce qui touche à la garniture et au décor.

De nos jours, il doit être capable de conseiller la clientèle et faire preuve d’un gout très sur, servi en cela par sa connaissances des styles.

Tour a tour garnisseur, villier ou coupeur, on dit de lui qu’il doit “savoir tout faire”.

Que l’installation soit couteuse ou modeste , le siège en est un des élément majeurs. C’est autour de lui que s’organisera le reste de la décoration de la pièce (rideau, tentures murales, moquette et tapis).